Détail de L'École d'Athènes de Raphaël (1508-1512). | Musées du Vatican via Wikimedia Commons
L'École d'Athènes
Raphaël (1508-1512).

Dissertation
La problématique

 La problématique d’une dissertation philosophique est un problème qui s’appuie sur les définitions validées lors de l’analyse du sujet. 
Elle nous met face à une contradiction apparente : on peut supposer que deux choses incompatibles entre elles sont vraies simultanément. En d’autres termes, il est important de manipuler les définitions. On doit se demander ce qu’elles impliquent, ce qu’elles supposent et quelles sont leurs relations.

Améliorez votre « savoir-faire »

Débat en philo

Formuler la problématique

« Le bonheur dépend-il de nous ? »
[Notion] → bonheur [Verbe] → dépendre

 

Définition

Pour échafauder une problématique, le sujet ne doit pas être répété ni reformuler. Ce risque est dangereux, vous risquez de faire un hors-sujet.
La thèse/antithèse argumentée est donc recommandée.
Le but est effectivement de démontrer qu’il y a un problème. En conséquence, il est important de montrer que la réponse n’est pas évidente et qu’elle fait débat.

Méthode

[Réponse 1] → Non, le bonheur dépend de nous. Car, si, comme le suggère [Définition x]. Alors apparemment [Argument x].

[Réponse 2]Oui, le bonheur dépend de nous. Parce que nous pouvons défendre que [Définition y]. Alors [Argument y].

Formulation finale

À première vue, nous pourrions dire que le fait d’être heureux ne dépend pas de nous. Car, comme l’indique l’étymologie du mot bonheur, qui signifie la bonne chance, notre bonheur dépend de circonstances que nous ne pouvons pas maîtriser.
Mais, est-ce que nous ne pouvons pas agir pour réduire, voire faire disparaitre la part de chance dans notre bonheur ? Ne pourrions-nous pas dire au contraire que le bonheur dépend bien de nous, car cet état de satisfaction durable et global ne peut être atteint que si nous faisons de bons choix pour l’atteindre ? Alors le bonheur dépend bien de nous, parce qu’il dépend de nos choix.

Extrait du site web Apprendre la philosophieCaroline Vincent.

Plein écran cliquer sur YouTube

Exercices

Formuler la problématique

Exercice-1 [corrigé-1] : Se préparer à formuler une problématique
Exercice-2 [corrigé-2] : Bien utiliser les définitions dans la problématique
Exercice-3 [corrigé-3] : « Le désir est-il un obstacle au bonheur ? »

...

« La révolte peut-elle être un droit ? »

Tout d’abord, si on considère le droit comme un droit positif [l’ensemble des lois d’une autorité étatique], il est normal que cette autorité n’accepte pas la contestation de son système par ceux qu’elle gouverne. En effet, l’ordre établi défend la vie sociale et arbitre les conflits dans la société. En conséquence, on pourrait dire que la révolte ne peut pas être un droit.

Mais, le droit, s’il est entendu au sens de droit naturel [moral et universel], il y a bien un droit à la révolte [résistance à l’oppression]. Parce que ce désir naturel et légitime qu’a tout homme d’être libre est naturel [droit de l’homme] et donc inhérent à la politique d’une autorité, d’un État.

Philippe (élève)

Conseils de Caroline Vincent

Bonsoir Philippe, votre premier moment est très bien et votre 2ᵉ également. Pour bien traiter le sujet, ayez en tête la distinction du droit positif et du droit naturel. Vous avez bien vu le problème.

...

« L’art nous détourne-t-il de la réalité ? »

Oui, l’art nous détourne de la réalité. Car, si on considère que l’artiste imite la nature et que l’on retient l’idée que la « réalité » appartient à un monde sensible, Alors apparemment, l’artiste est un illusionniste qui nous éloigne de la réalité.

Non, l’art ne nous détourne pas de la réalité. Compte tenu du fait que l’artiste ne prétend pas imiter, mais créer une œuvre pour un réel intelligible. Alors vraisemblablement, il peut au contraire nous permettre de la comprendre, de l’interpréter, de la transformer. Il peut être un moyen de révéler la réalité, de la critiquer, de la questionner.

Philippe (élève)

Conseils de Caroline Vincent

Bonsoir Philippe, Votre deuxième moment est bien, même si je ne suis pas sûre de comprendre ce que vous voulez dire par « créer une œuvre pour un réel intelligible». Ceci mis à part, je comprends. En revanche, il y a quelque chose à clarifier dans le premier moment. Vous prenez la thèse de la mimesis, l’artiste imite le réel, mais vous en concluez qu’il nous éloigne du réel. Ce qui n’est pas évident, si l’artiste imite, on pourrait plutôt dire qu’il nous rapproche du réel. Ou alors, vous vouliez dire que l’artiste imite toujours et nécessairement (ce qui est possible, mais il faut le dire). Ou alors, vous avez pris réalité au sens de Platon, comme réalité intelligible. (En revanche, il faut le dire.)
j’ai effectivement pris la réalité au sens de Platon. Des définitions claire et accessible sur le réel, m’intéresse.
Bonjour Philippe, je l’ai défini rapidement et sans l’affirmer (ce qui n’est pas grave ici, car c’est une définition assez commune) à la fin du premier moment : le réel, c’est ce qui est.
J’aurais pu préciser : le réel, c’est « ce qui existe indépendamment du sujet, ce qui n’est pas le produit de la pensée. » Par opposition à imaginaire par exemple. Mais, pour un début d’intro, ma formulation est suffisante, on pourrait utiliser la définition ci-dessus dans le développement pour aller plus loin.

...

«La conscience de ce que nous sommes est-elle un obstacle au bonheur ?»

À première vue, si on entend par bonheur, c’est ne ressentir ni souffrance dans le corps ni souffrance dans l’âme. Alors, nous pourrions dire que la prise de conscience de soi-même est peut-être un frein au bonheur. En effet, prendre conscience de soi, c’est devenir lucide sur ce qu’on est et ce qu’on peut espérer. Ainsi, cette prise de conscience qui nous impose des limites à nos actions peut nous rendre malheureux face à ce que l’on peut découvrir sur soi. 

Mais si le bonheur, c’est un état de satisfaction durable et global qui provient d’un jugement sur notre existence en général. Alors, la conscience de soi-même n’est plus un obstacle au bonheur. En effet, notre conscience nous donne la possibilité de réfléchir sur notre vie intérieure, de s’analyser soi-même, de se poser des questions. Ainsi, cette connaissance de notre conscience enrichit notre jugement et nous aide à être plus heureux. La conscience de nous-mêmes nous permet de nous connaitre davantage, de connaitre notre fonctionnement, et donc de prendre des décisions qui nous rendront plus heureux. Par exemple, en sachant limiter certains désirs, dirait Epicure

Par conséquent, on peut se demander si la conscience de soi est véritablement un obstacle au bonheur ?

Philippe (élève)

Conseils de Caroline Vincent

Vous avez très bien compris le sujet, vous n’êtes pas obligé de changer la définition de bonheur entre les deux moments ceci dit. Ici c’est plutôt ce qu’entraîne la conscience de soi qui permet de poser le problème : soit c’est une source d’angoisse, soit c’est un moyen de mieux nous connaître. Vous l’avez très bien dit d’ailleurs.