Définitions importantes
La conscience est une forme de savoir, comme l’indique son étymologie, en latin « cum scientia » qui signifie « avec savoir ». Elle est la connaissance qu’un être vivant a du monde qui l’entoure et de lui-même.
Chez l’Être humain, elle prend trois formes différentes :
- La conscience perceptive consiste à être en état d’éveil, réceptif aux informations concernant notre corps et le monde qui nous entoure.
- La conscience réflexive : c’est la connaissance que nous avons de nous-mêmes. Elle repose sur la capacité à réfléchir sur notre vie intérieure, à s’analyser sol-même, à se poser des questions (ex. Je sais que je fais actuellement qq ch).
- La conscience morale : c’est la connaissance que nous avons du bien et du mal, et notre capacité a jugé une action selon des critères moraux.
Repères utiles pour la notion
Essentiel/Accidentel :
Essentiel : ce qui releve de l’essence c’est-a-dire de la définition.
Appartient a l’essence d’une chose ce qui ne peut étre 6té d’une chose sans faire disparaitre en méme temps la chose.
Accidentel : on appelle accidentelle toute qualité fortuite d’un objet qu’on pourrait lui retirer sans le modifier fondamentalement.
Problèmes et thèses essentielles
Philosophe allemand du 18ᵉ siècle.
La conscience est-elle un privilège pour l'être humain ?
Oui, la conscience de soi est un privilege pour I'homme
These: L’homme, seul, peut dire « Je ».
Selon Kant, ‘étre humain est le seul & pouvoir dire « Je », c’est-a-dire qu’il est le seul a étre réellement un Sujet. Le Sujet est I’esprit conscient qui se connait soi-méme et connait le monde. Cette capacité de I’homme le place, selon Kant, au dessus de toutes les autres especes car c’est parce que nous pouvons dire « Je », parce que nous sommes conscients de nous-mémes que nous pouvons prendre du recul sur nos actions et juger de leur moralité. En d’autres termes, la conscience de soi est la condition de la conscience morale ou conscience du bien et du mal. Or, c’est cette capacité a juger du bien et du mal qui fait notre dignité et notre supériorité selon Kant.
Citation :
« Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir place I’homme infiniment au-dessus de tous les autres étres vivants sur la terre. Par 13 il est une ; et grice a l’unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et méme personne »
Kant, Anthropologie pragmatique
philosophe allemand du 19ᵉ siècle.
La conscience est-elle un privilège pour l'être humain ?
Non, la conscience n'est pas un privilege
Thèse: La conscience n’est qu’un moyen de survivre
Loin de humains, faire qui de ferait la conscience de nous des un élément étres dignes de supériorité et doués des étres moralité, Nietzsche défend que si notre espece a développé une conscience de soi de c’est qu’elle en avait besoin pour survivre.Nous sommes si faibles individuellement qu’il nous a fallu trouver le moyen de connaitre nos besoins, d’en avoir conscience et de pouvoir les communiquer aux autres. De plus, pour lui, la conscience nous donne I’illusion d’étre I’auteur de nos pensées alors qu’en réalité ce sont des forces inconscientes du corps qui nous poussent a agir la plupart du temps.
Citation :
« La
conscience n’est qu’un réseau de communications entre les hommes; c’est en cette seule qualité qu’elle a été forcée de se développer ».
Nietzsche, Le Gai Savoir
Philosophe français du 17ᵉ siècle.
La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?
Oui, la conscience de soi permet une connaissance
Thèse : La conscience de nos pensées et la première connaissance
Descartes au début du discours de la méthode, décide de remettre en question tout ce qu’il pensait étre vrai jusque la. Il veut étre certain de ne pas dans l’erreur, il va donc douter méthodiquement d’absolument tout. Il doute du monde extérieur, il doute de I’existence de son corps, il doute méme des mathématiques. Finalement la seule chose qui résiste a ce doute méthodique tient au fait que méme s’il se trompe, cette erreur est encore une pensée. Il peut donc affirmer avec certitude qu’il est une chose qui pense et s’il pense alors il
existe. Ainsi pour Descartes, c’est la conscience réflexive que nous avons de nous-mémes, c’est notre capacité a nous prendre nous-mémes comme objet d’observation qui nous permet de nous connaitre et d’avoir la premiére certitude sur ce que nous sommes réellement.
Citation :
« Je pense donc je suis »
Descartes, Discours de la méthode
Autrichien, fondateur de la psychanalyse
La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?
Non, car notre conscience de nous-mêmes est limitée
These: Une partie de notre esprit reste inconsciente
Freud fait ‘hypothése de I’Inconscient 2 la fin du XIXe siecle. 1l fait ainsi Ihypothése qu’une partie de ‘esprit humaine reste inconsciente et que tout étre humain, qu’il soit sain ou malade, a des désirs, pensées, chocs qui sont refoulées dans I’Inconscient si ceux-ci sont en contradiction avec la morale ou émotionnellement intolérables. Il s’agirait donc d’une partie de lesprit humain qui resterait secréte pour le Sujet lui-méme. Cette hypothése de Freud fait scandale et provoque le rejet d’’une grande partie des médecins de son époque car elle remet en question I’idée que les étres humains sont capables de maitriser leurs pensées. Avec ‘hypothese de I’inconscient, il faut admettre que nous ne sommes pas totalement maitre de notre esprit, une partie nous échappe et nous ne sommes pas conscients de tout.
Citation :
« Montrer au moi qu’il n’est seulement pas maitre dans sa propre maison. »
Freud, L’’Inquiétante Etrangeté et autres essais
philosophe français du 19ᵉ - 20ᵉ siècle.
Suis-je ce que j'ai conscience d'être ?
Non, je suis loin d'avoir conscience de tout ce que je suis
These: Je suis beaucoup plus que ce que j’ai conscience d’étre.
Pour Bergson, nous n’avons conscience de nos pensées que lorsque nous avons un choix a faire ou quand nous devons apprendre quelque chose de nouveau. Alors, oui, notre attention est focalisée, nous
sommes particulierement conscients de ce qui se joue en nous, mais dés lors que nous sommes dans des situations habituelles, alors c’est notre inconscient qui prend le relais. Nos actions et nos pensées deviennent automatiques. A ses yeux une grande partie de notre
vie automatique et reste inconscient pour nous.
Citation :
« Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’étre spontanée
pour devenir automatique ? La conscience s’en retire. »
Henri Bergson, L’Energie spirituelle.
philosophe français du 20ᵉ siècle.
Suis-je ce que j'ai conscience d'être ?
Oui, je suis ce que j'ai conscience d'étre
Thèse : L’individu conscient décide de son identité
Si finalement notre identité dépend de notre conscience et de ce dont nous nous souvenons comme le dit Locke, alors il y a lieu de se demander dans quelles mesures nous ne sommes pas les auteurs de notre identité a la maniére d’’un écrivain. C’est ce que défend Paul Ricoeur dans Soi-méme comme un autre. En effet, notre mémoire est partielle, nous ne nous souvenons pas de tout ce qui nous arrive et méme nous pouvons choisir d’oublier certaines choses si cela ne nous convient pas. Clest pourquoi Ricoeur parle d’’une identité narrative. Selon lui, mon moi, mon identité n’existe que dans la mesure ot je m’en fais le récit et en fais le récit aux autres. Le moi n’est pas quelque chose qui existerait déja dont je devrais prendre connaissance, c’est moi qui le crée parce que je fais deux choses qui sont propre a la narration.
Premiére chose : quand nous voulons dire qui nous sommes, ou quand nous nous demandons qui nous sommes, NOUS allons, sélectionner certains souvenirs, certaines expériences qui nous semblent significatives. La deuxiéme chose que nous faisons, consiste 2 donner une unité A ces souvenirs. Ainsi, si je m’identifie & quelqu’un de courageux, je vais sélectionner tout ce qui dans ma mémoire va dans le sens de cette idée. Alors notre identité ne dépend que de notre conscience et c’est une fiction.
Citation :
« RAS »
Ricoeur
philosophe français du 17ᵉ siècle.
La conscience est-elle un obstacle au bonheur ?
Oui, la conscience de notre condition nous rend malheureux
Thèse: La conscience de notre mortalité nous rend malheureux
Pascal remarque que les hommes sont trés souvent incapables de rester seuls avec leurs pensées. Etre inactif, rester seul dans une chambre, les laissent en proie a des pensées négatives car alors ils s’interrogent sur leur existence. Ils prennent consciences de leur nature mortelle, s’interrogent sur le sens de leur vie, s’inquiétent de la souffrance et de la mort. Cela les pousse 4 une certaine mélancolie. C’est pourquoi, selon Pascal, les hommes ont tendance a ce chercher a s’occuper pour ne pas penser a leur condition de mortel. C’est
qu’il appelle le divertissement qu’il faut entendre en un sens large. Le mot divertissement vient du verbe latin divertere qui signifie « détourner ».
Citation :
« Mais quand j’ai pensé de plus pres, et qu’apres avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une, bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de plus pres. »
Pascal, Pensées
philosophe grec du 1er siècle ap. J-C.
La conscience est-elle un obstacle au bonheur ?
Non, la conscience peut nous aider a étre heureux
Thèse : Avoir conscience de ce qui dépend de nous peut nous aider a étre plus libres et heureux
Une maniére d’étre heureux pour Epictéte, consiste a étre conscient de ce aui dépend de nous et de ce qui n’en dépend pas. Car si nous pensons avoir le controle sur ce qui, en réalité, ne dépend pas de nous alors nous allons nécessairement échouer et donc nous sentir
impuissants et malheureux. Par exemple, veut absolument que ‘on dise du bien de lui sera malheureux car ce que les autres disent ne nos celui qui dépend pas de lui. De méme, celui qui voudrait ne pas vieillir, échouera nécessairement, car ici encore cela ne dépend pas de lui. Pour Epictéte, il faut donc focaliser actions sur ce qui dépend de nous. Alors seulement, nos actions pourront avoir des résultats positifs et nous pourrons étre satisfaits de ce que nous avons accompli. Parmi ces choses qui dépendent de nous, il y a évidemment nos
pensées et nos représentations. C’est en maitrisant nos pensées que nous pouvons rester impassibles et donc rester libre et heureux.
Citation :
« RAS »
Epictète