Langage : Au sens large, le mot langage désigne pour nous un système de signes (code) ayant pour fonction de transmettre un message. Un signe peut être gestuel, phonique, graphique, plastique.
Ferdinand de Saussure définit le signe comme composé à la fois d’un signifiant et d’un signifié :
Exemple : rouge est une abstraction, car une couleur ne se présente jamais seule à ma vue. Je vois une pomme rouge, une tomate rouge, mais jamais du rouge seul.
Selon Locke, dans l’essai de l’entendement humain, la pensée préexiste au langage. Ainsi, les mots feraient seulement traduire extérieurement et rendre publique une idée préexistante. Le langage n’ajouterait rien à la pensée et ne jouerait aucun rôle dans sa formation.
Une pensée claire trouverait sans mal les mots qui servent à l’exprimer. Lorsque nous parlons, tout se passe comme si nous utilisions un support matériel (dessin, son) pour transmettre quelque chose d’immatériel (pensées), passant de ce qui est en nous (idée) vers l’extérieur (mot).
« RAS. »
Il n’y a pas de pensée sans mots, car c’est le mot qui nous permet de clarifier notre pensée. Selon Hegel, le fait de ne pas réussir à formuler ses idées ne signifierait pas que nous manquons de mots, mais que notre pensée est encore mal formée. Si nous cherchons nos mots, c’est que l’idée n’est pas explicitement formée. Hegel critique l’idée qu’il y aurait une pensée ineffable (qu’on ne pourrait pas dire où nommer) au profit de la pensée claire qui s’exprime dans le langage. La pensée qui ne trouve pas de mots est confuse et n’est pas encore à proprement parler une pensée.
« C’est dans les mots que nous pensons. Nous n’avons conscience de nos pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité, et par suite nous les marquons d’une forme externe . »
Hegel, Philosophie de l’esprit $462
D’où viennent les mots ? Pourquoi l’homme en faut-il usage ? Locke parle d’un « besoin » du langage en l’homme et ce besoin naturel est double. Tout d’abord, l’homme trouve dans le langage un moyen de pallier son manque de mémoire et permet ainsi à la pensée de se conserver et d’être stable. Par conséquent, il s’agit d’assurer la communication entre les hommes, qui seraient autrement livrés à eux-mêmes, incapables de pouvoir s’entraider et bâtir une société. Dans le prolongement de la pensée d’Aristote qui faisait de l’homme un être doué de raison, de discours (logos) et un être sociable (“politique”), Locke considère que le langage a une fonction sociale.
« Nous avons besoin de signes de nos idées pour pouvoir nous communiquer nos pensées entre nous aussi bien que pour les enregistrer pour notre propre usage. »
Locke, Essai sur l’entendement humain
Freud fait l’hypothèse de l’Inconscient à la fin du XIXe siècle. Il défend ainsi qu’une partie de l’esprit humain reste inconsciente et que tout être humain, qu’il soit sain ou malade, a des désirs et des pensées refoulés dans l’Inconscient si ceux-ci sont en contradiction avec la morale ou émotionnellement choquante. Or, ces éléments refoulés sont parfois à l’origine de troubles psychiques et physiques, il est donc nécessaire d’aider le malade à reprendre conscience de ce qui a été refoulé. La cure psychanalytique consiste alors à faire souvent parler le patient afin de finir par laisser son inconscient s’exprimer dans ses paroles. Le rôle du psychanalyste consiste à relever les paroles particulièrement significatives du patient et à lui poser des questions sur ce qui lui semble être une manifestation de l’inconscient. Le patient peut ainsi être conduit par le psychanalyste à reprendre conscience des événements, désirs ou pensées qu’il a refoulés et se trouvera alors libéré du conflit psychique, ce qui fera cesser les troubles physiques.
« RAS. »
Si Montaigne peut soutenir la thèse d’un langage animal, c’est parce qu’il a d’abord nié la spécificité du langage verbal par rapport à la communication par gestes. Pour lui, le corps signifie tout. Il estime même que la communication par geste est supérieure à la
communication par le langage. Or, les animaux communiquent de manière évidente, donc pourquoi leur refuser un langage ?
« Qu’est-ce autre chose que parler, cette faculté que nous leur voyons de se plaindre, de se réjouir, de s’entr’appeler au secours, se convier à l’amour, comme ils font par l’usage de leur voix ? »
Montaigne, Les Essais, II, XII
Descartes s’oppose à Montaigne sur cette question du langage animal. Il cherche à montrer que les animaux n’ont pas la raison, or, pour lui, le langage est le signe de la raison. À ses yeux, les animaux ne possèdent pas de langage pour deux raisons : d’abord leur mode de communication est plutôt de l’ordre du signal. L’animal envoie une information aux autres qui produit une réaction, mais aucune réponse n’existe, pas de dialogue ensuite. Par ailleurs, l’animal exprime uniquement ce qu’il ressent sur le moment, il ne peut pas parler du futur ou du passé. Il ne peut pas faire de philosophie ou raisonner sur le bien, la justice. Même le perroquet qui use de la parole fait seulement répéter sans penser et ne dialogue pas.
« Il ne s’est toutefois trouvé aucune bête si parfaite, qu’elle ait usé de quelques signes, pour faire entendre à d’autres animaux quelque chose qui n’eût point de rapport avec ses passions. »
Descartes, Lettre au Marquis de Newcastle
Aristote développe une philosophie finaliste. À ses yeux, chaque être par nature a une fin (un but) et la nature ne fait rien en vain. L’homme a donc par nature pour fin d’être un animal politique. C’est-à-dire qu’il est en même temps un être sensible animé par le désir, mais également un être rationnel qui possède le logos (la raison ou le discours) dans le but de pouvoir organiser la cité. L’homme est alors dit « politique » parce qu’il peut discuter du juste et de l’injuste, du bien et du mal afin de trouver un accord avec les autres. Cette capacité de débattre, et parfois de trouver un accord, est une condition nécessaire à l’instauration d’une vie en commun harmonieuse. Notamment à l’instauration d’une démocratie car cela nécessite débat et possibilité d’accord par les mots.
« L’homme est par nature un animal politique. »
Aristote, La Politique
Hannah Arendt dans La Crise de la culture pose la question « Qu’est-ce que l’autorité ? ». Elle défend qu’il n’y a pas de réelle autorité s’il y a usage de la force ou usage de la persuasion. Si j’emploie la force pour me faire obéir, c’est que je ne possède pas d’autorité, si
je cherche à persuader l’autre, c’est que je manque d’autorité. Avoir de l’autorité, au contraire, c’est obtenir l’obéissance de l’autre sans violence et persuasion, simplement parce qu’il reconnaît que ma place supérieure dans la hiérarchie sociale est légitime. C’est la hiérarchie mutuellement acceptée qui donne alors du poids aux mots du médecin ou du professeur.
« La relation autoritaire entre celui qui commande et celui qui obéit ne repose sur une raison commune, ni sur le pouvoir de celui qui commande ; ce qu’ils ont en commun, c’est la hiérarchie elle-même, dont chacun reconnaît là
justesse et la légitimité, et où tous deux ont d’avance leur place fixée. »
Arendt
Selon Bergson, nous ne pouvons pas tout exprimer, car la langue déforme la pensée. Notre langue consiste en un ensemble de mots, donc d’idées générales, qui appauvrissent nécessairement ce que nous voulons dire. Pourquoi peut-il parler d’un appauvrissement ? Car les mots que nous utilisons sont généraux, ils renvoient à une idée générale. Par exemple : si je discute de ma colère, de mon amour, de ma tristesse, il s’agit toujours d’un ressenti singulier. En effet, il peut être très différent de la colère d’une autre personne ou de ma tristesse d’il y a 15 jours. Pourtant, quand nous parlons, nous utilisons un terme générique « colère », « amour », « tristesse » pour qualifier ce que nous ressentons. De ce fait, notre interlocuteur comprend vaguement ce que nous ressentons, mais pas précisément. Le langage ne nous permet pas de transmettre la singularité de nos pensées et de nos ressentis.
« Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. »
Bergson, Le Rire
Hegel critique l’idée qu’il y aurait une pensée ineffable (qu’on ne pourrait pas dire où nommer) au profit de la pensée claire qui s’exprime dans le langage. Selon lui, la pensée qui ne trouve pas de mots est confuse et n’est pas encore à proprement parler une pensée. En effet, il n’y a pas de pensée sans mots, car c’est le mot qui nous permet de clarifier notre pensée. Ainsi, selon Hegel, le fait de ne pas réussir à formuler ses idées ne signifierait pas que nous manquons de mots, mais que notre pensée est encore mal formée. Alors, nous pouvons dire tout ce qui est explicitement présent à notre esprit.
« RAS. »
Benjamin Constant voit les conséquences terribles que pourrait avoir l’obligation morale de toujours dire la vérité.
Ainsi, il cherche à montrer que l’idée qu’il y aurait un devoir de révéler la vérité est infondée.
Parce qu’il n’existe pas de droit à dire la vérité dès lors que cette vérité peut nuire à autrui.
En effet, dans un État de droit, chaque individu peut faire usage de sa liberté dès lors que celle-ci ne menace pas la liberté d’autrui.
En d’autres termes, chacun a des libertés garanties par l’État que l’on appelle des droits, et donc des devoirs. parce qu’il doit respecter les droits des autres.
Ainsi, avoir un droit, c’est avoir l’autorisation de faire quelque chose que les autres n’ont pas le droit de m’empêcher de faire.
Constant défend ici l’idée que ce système de droits et devoirs ne peut fonctionner et être respecté que si les droits donnés aux individus sont des droits qui ne nuisent pas à autrui.
En effet, l’objectif du droit en général est bien la coexistence pacifique des individus. Or, si l’on donne des droits à est certains nuisibles pour les autres, alors il semble légitime d’en dénoncer l’injustice.
« Dire la vérité est un devoir. Qu’est-ce qu’un devoir ? L’idée de devoir inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d’un autre. Là où il n’y a pas de droits, il n’y a pas de devoirs. Dire la vérité n’est donc un devoir qu’envers ceux qui ont droit à la vérité. Or nul homme n’a droit à la vérité qui nuit à autrui. »
Benjamin Constant
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