Le bonheur
Le bonheur se distingue du plaisir et de la joie. Le plaisir et la joie sont des sentiments, ils sont éphémères, alors que l’idée de bonheur implique un temps long.
Le plaisir : état de satisfaction éphémère souvent lié à la satisfaction d’un désir matériel ou non.
La joie : sentiment d’intense satisfaction que l’on ressent quand on a réussi quelque chose qui a demandé des efforts (Bergson). La joie est donc plus intense que le bonheur, mais aussi de plus courte durée
Selon Kant, il faut distinguer deux facultés intellectuelles, la raison et l’imagination. La raison est la faculté d’enchainer des propositions de manières logique, elle fait des raisonnements. Au contraire, l’imagination va créer des images à partir de ce que nous avons déjà senti, mais de manière imprécise et vague. Dire que le bonheur est une idée de l’imagination signifie donc que nous n’en avons pas une idée claire mais plutôt fantasmée et qu’il va donc être difficile pour nous d’atteindre ce bonheur. Cela serait beaucoup plus simple si le bonheur était une idée de la raison car nous aurions alors une méthode logique pour atteindre le bonheur.
« Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l’imagination »
Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.
Selon Schopenhauer, le bonheur est impossible à atteindre réellement à cause du désir. En effet, quand nous désirons nous souffrons de ne pas avoir encore ce que nous voulons et quand nous avons ce que nous désirons, nous sommes finalement très rapidement habitué et nous sombrons donc dans l’ennui.
« La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui ».
Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et comme Représentation
Epicure, dans la Lettre à Ménécée, donne plusieurs recommandations pour atteindre le bonheur. A ses yeux, le bonheur c’est le plaisir, mais il faut ici faire attention aux contresens, car, par plaisir, Epicure entend la suppression de la douleur. Il ne s’agit donc pas de dire qu’il faut multiplier les plaisirs et que cela rendra heureux comme peut le faire un hédoniste. Au contraire, pour Epicure, on est heureux quand on ne souffre pas ! Et pour ne pas souffrir, il faut utiliser sa raison pour déterminer les bons désirs et les mauvais désirs, c’est-à-dire les désirs naturels et nécessaires qui sont faciles à satisfaire et les désirs non naturels et non nécessaires, qui vont nous inquiéter et nous causer de la peine.
« La santé du corps, la tranquillité de l’âme sont la perfection de la vie heureuse »
Epicure, Lettre à Ménécée
Selon Socrate, personnage du Gorgias de Platon, celui qui désire toujours davantage vit comme un tonneau percé. Il tente sans cesse de satisfaire un autre désir, mais, ainsi, il souffre sans cesse car il est en manque. Il vaut mieux se satisfaire de ce que l’on a.
Calliclès, autre personnage du Gorgias de Platon, considère, au contraire, que pour être heureux, il faut désirer toujours plus car c’est ainsi que l’on se sent vivant.
Par ailleurs, pour être heureux, il faut avant tout se libérer du poids de la morale et de la justice : ce sont des artifices créés par les faibles pour se protéger des efforts. La nature exige de nous que nous donnions libre cours à nos passions
Rousseau considère que le désir est ce qui nous rend heureux car au moment où nous désirons une chose, nous l’imaginons et nous réjouissons à l’idée de la posséder. Alors, nous sommes heureux du fait même de cette anticipation et nous le sommes même beaucoup plus que lorsque nous obtenons la chose car, alors, elle nous semble plutôt décevante. Rousseau insiste donc sur le rôle de l’imagination et du désir dans le bonheur.
« Malheur à qui n’a plus rien à désirer, il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède ! »
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse
L’étymologie du bonheur suggère qu’il repose sur la chance puisque le bon – heur en ancien français désigne le bon présage ou le signe favorable. Ainsi dans les croyances populaires, le bonheur dépendrait de la chance, du hasard, autrefois désigné par
l’expression « la fortune », qui représentait les aléas imprévisibles de la vie.
« Nul ne peut être dit heureux avant sa mort »
Solon
Epictète est un stoïcien et en bon stoïcien, il développe une philosophie qui a pour but de nous aider à être indépendant des circonstances et événements qui ont lieu dans notre vie. Selon lui, ce qui nous affecte et peut nous faire perdre le contrôle, ce ne sont pas réellement les événements tragiques de notre vie mais la manière dont nous jugeons ces événements. Si nous disons « c’est une catastrophe, je ne m’en remettrai jamais », ça n’est pas du tout la même chose que si nous considérons que « cet événement est dans le cours
des choses et j’irai mieux bientôt ». Ainsi, pour Epictète, notre bonheur ne dépend pas de ce qui nous arrive mais de ce que nous pensons sur ce qui nous arrive.
« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, ce sont les jugements qu’ils portent sur les choses »
Epictète, Manuel, V
Pour Aristote, nous faisons tout en vue du bonheur, c’est ce que nous recherchons le plus. Mais, il faut noter que, pour Aristote, ce qui nous fendra heureux en tant qu’humain c’est de réaliser notre nature et notre excellence d’humain. Or, à ses yeux, le propre de l’homme
consiste pour l’homme à utiliser et à vivre en suivant sa raison. L’homme qui réfléchit et suit sa raison, sera vertueux car il réalise alors l’excellence de sa nature.
« le bonheur est, suivant nous, l’activité de l’âme dirigée par la vertu »
Aristote, Ethique à Nicomaque, I
Selon Mill, il n’est pas vrai de dire que l’on recherche le bonheur à tout prix car un être intelligent n’acceptera jamais d’être changé en un être moins évolué si cela lui permet d’être constamment heureux. Les formes de bonheur ne se valent pas, et peu d’être humains accepteraient d’être changé en vache s’ils étaient assurés d’être heureux en broutant de l’herbe. Pour John Stuart Mill, il est vraisemblable qu’un individu qui a une intelligence aiguisée ou une haute conscience morale a des désirs plus difficiles à satisfaire car plus complexes ou demandant d’avantages d’efforts. De même, il est sans doute plus facilement révolté et frustré par l’état du monde qu’un individu égoïste qui ne s’intéresse pas aux autres ou au monde.
« Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait »
John Stuart Mill
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